1 - La Misère
[11'21]
Sans doute le morceau sur lequel nous avons eu le plus de difficultés.
Frank venait de nous rejoindre, et nous commencions à
généraliser l'emploi de mesures composées et, surtout,
d'enchaînements complexes. Le titre part d'un constat simple :
pour mettre en place le morceau, ç'a été "la misère"!
Depuis la mise en boîte de ce morceau, David s'est vu
imposé par le reste du groupe un nouvel effet : c'est le
"guitare limiteur"TM qui lui interdit
d'enregistrer plus de 3 pistes de guitares simultanées...
2 - First Passage
[9'01]
(Marion De Saint Vaast, voix)
Ce morceau invite à un voyage. L'ensemble constitue une fable que
chacun est libre d'interpréter.
3 - The three Stigmata of Palmer Eldritch
[9'41]
Locked
in Syndrome Part 0
Le morceau
s'ouvre sur un riff typiquement "heavy" à califourchon sur une
piécette de clavecin. La décadence règne !!
David a voulu rajouter sur ce riff "métal" en 15/8 une battue
totalement linéaire pour produire un décalage vis-à-vis
des clichés "hard-rock". Frank ne vouant pas un culte particulier
à ce style de musique fut difficile à convaincre, ... à
tel point qu'aujourd'hui encore, il faut éviter de mentionner ce morceau
devant lui* ! Nous avons été sacrément surpris
le jour où Sam nous a appris qu'un des riffs qu'il avait introduits
était rythmiquement copié sur un autre morceau (c'est un groupe
dont le nom commence par U et finit par K !!! Le prochain album
est offert au premier qui saura trouver le bon extrait !)
Pour ce qui concerne la partie "textuelle", Sam s'est
inspiré d'un roman de Philip K.Dick qui a donné son nom au
morceau : "3 stigmata..." constitue le prologue de la suite
"Locked in syndrome". Vers la fin du morceau, on peut d'ailleurs trouver
un texte récité en Russe. Cette langue a été
choisie en raison des expériences psychiques que Philip K Dick a
vécues en rapport avec les services secrets russes** !!.
*Une dépêche de l'AFP (7/7/2001) nous apprend
que Frank aurait avoué - et ce en en présence de témoins
fiables - "finalement, en réécoutant, ça sonne pas
mal" fin de citation.
** A ce propos, lire Regards sur Philip K.Dick
d'Hélène Collon (Edition Encrage).
4 - Bön-Glå-Glön
[14'23]
Locked
in Syndrome Part 1
(Jean-Luc
Feirrera, flûte)
Un des morceaux
les plus aboutis au niveau du travail de groupe dans ce premier album.
Le nom du morceau a une histoire : alors que la composition est
pratiquement bouclée, Benjamin nous propose un jour une belle "intro"
toute ficelée et prête à jouer. Tout le monde est
emballé, mais cela n'est pas sans nous rappeler les Suédois
d'Änglagård (un ami nous dira un jour après le festival de
Corbigny "trop fort la reprise d'Änglagård, j'étais sur
le cul !"... cela nous a fait beaucoup rire).
Bön-Glå-Glön est donc une sorte de clin d'oeil à ce groupe.
Pour l'auditeur très attentif, il y a un deuxième clin d'oeil dans
le morceau avec la reprise d'un thème du premier album de ce
groupe ! A vos casques !
Pour l'anecdote, il y a un petit solo de clavier à
7mn15 qui a la particularité d'avoir été fait en une prise.
Il date de l'enregistrement de notre première maquette et n'a pas
été refait. Juste pour dire que le meilleur sort parfois du pire,
imaginez une fin de soiré (~4h du matin) après une semaine
d'enregistrement épuisant : David lance sans prévenir
l'idée qu'un chorus de clavier à cet endroit clef du morceau
pourrait être intéressant. Après un gros débat sur
l'intérêt de la chose et quelques échanges "animés"
du style "t'as vu l'heure là ?", Benjamin se laisse convaincre,
mais jure qu'il ne fera pas plus d'une prise. C'est celle que vous pouvez
entendre ! Enfin, autre passage, autre combat, on doit à
Sam l'idée du choeur en latin qui n'emballait pas tout le monde au
début.
5 - Inner Mazed
[6'53]
Locked
in Syndrome Part 2
C'est la première composition du groupe. Avec 3 stigmata et
Parazyth [inédit], elle fait partie des compositions qui ont
été initiées avec le premier batteur de NIL.
Pour les néophites, c'est le morceau qui est souvent
considéré comme le plus accessible, puisqu'il a une structure
moins tourmentée que les autres. Le fait qu'on puisse trouver deux
couplets y est certainement pour quelque chose !
6 - Nogegon
[8'22]
(Marion
De Saint Vaast et
Jean-Michel
Gaude, voix)
C'est à la lecture de la BD de Luc et François
Schuiten* que David propose aux autres membres du groupe de réaliser
un morceau palindromique. La tâche est difficile et il faudra plus de
deux ans pour la mener à bien. Le scénario de Schuiten est
construit de telle façon que l'histoire repart en sens inverse au
milieu du livre ("un axiste medium"). L'exercice de la palindromie n'est pas
nouveau. On peut déjà en trouver au moins un exemple chez Bach
(L'Offrande musicale), et même en remontant au Moyen Age, chez
Guillaume de Machaut (Ma fin est mon commencement), qui utilisait
déjà le procédé du canon rétrograde. Comme
quoi l'esprit de modernité n'est pas lié à une époque.
On peut aussi trouver dans la littérature, des mouvements comme
l'Oulipo** (Ouvroir de Littérature Potentiel) qui proposent ce genre
d'exercice dans la poésie - entre autres. Dans Nogegon
l'exercice se déroule sur plusieurs niveaux :
La palindromie se fait sur 4'11 (pour un total de 8'22)
Les thèmes sont multiples
Le paramètre "son" est pris en compte
(fondus, enveloppes de sons de clavier, attaques de notes...)
Le découpage s'inspire des différentes
parties que l'on retrouve tout au long de la BD Nogegon
des frères Schuiten
La palindromie est poussée jusqu'au mixage (le
port du casque s'avère judicieux pour entendre toutes les
subtilités ! )
* Nogegon (cycle des terres creuses) de
Luc et Francois Schuiten (Les Humanoïdes
Associés, 1990).
** Oulipo, la littérature potentielle (Edition
Gallimard, 1973).
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